'è é l^t*^ "tOtftOKIO UWMIY RELATION LA COUR DE FRANCE IMPRIMERIE DAUPELEY-GOUVERNEUR, A NOGENT-LE-ROTROU. RELATION DE LA COUR DE FRANCE EN ^690 PAR ÉZÉGHIEL SPANHEIM ENVOYÉ EXTRAORDINAIRE DE BRANDEBOURG PUBLIÉE POUR LA SOCIÉTÉ DE l'hISTOIRE DE FRANCE Par m. Gh. SGHEFER MEMBRE DE l'iNSTITUT. À PARIS LIBRAIRIE RENOUARD HENRI LOONES, SUCCESSEUR LIBRAIRE DE LA SOCIÉTÉ DE l'hISTOIRE DE FRANCE RUE DE TOURNON, N" 6 MDCCCLXXXII. 209 • ? EXTRAIT DU REGLEMENT. Aet. ^4. — Le Conseil désigne les ouvrages à publier, et choisit les personnes les plus capables d'en préparer et d'en suivre la publication. Il nomme, pour chaque ouvrage à publier, un Commissaire responsable, chargé d'en surveiller l'exécution. Le nom de l'éditeur sera placé à la tête de chaque volume. Aucun volume ne pourra paraître sous le nom de la Société sans l'autorisation du Conseil, et s'il n'est accompagné d'une déclaration du Commissaire responsable, portant que le travail lui a paru mériter d'être publié. Le Commissaire responsable soussigné déclare que Védition de la Relation de la cour de France , préparée par M. Ch. ScHEFER, lui a paru digne d'être publiée par la Socie'té de l'Histoire de France. Fait à Paris ^ le 30 octobre 1882. Signé A. DE BOISLISLE. Certifié, Le Secrétaire de la Société de l'Histoire de France, J. DESNOYERS. INTRODUCTION Saint-Simon, qui avait connu Spanheim lorsque celui-ci était, pour la seconde fois, chargé des affaires de l'électeur de Brandebourg en France, lui a consacré quelques lignes dans ses Mémoires. « Spanheim, dit-il, si connu dans la république des lettres, et qui ne l'a pas été moins par ses négociations et ses emplois, mourut en ce même temps à Londres, à quatre-vingt-quatre ans, avec une aussi bonne tête que jamais et une santé parfaite jusqu'à la fin. Il avoit été longtemps à Paris, envoyé de l'électeur de Bran- debourg, et il passa en la même qualité à Londres lorsque les affaires se brouillèrent sur la succession d'Espagne. » Les travaux d'érudition que Spanheim a publiés dans la première partie de sa vie sont les seuls que le public lettré ait pu connaître et apprécier; mais les mémoires historiques qu'il composa dans le cours de ses missions ne sont pas moins dignes de voir le jour. L'intérêt que présentent les événements si nombreux et si divers du règne de Louis XIV, l'accueil favorable fait à tous les documents nouveaux qui peuvent ajouter à l'histoire de cette glorieuse période, ont déterminé la Société de l'Histoire de France à autoriser la publication de la « Relation de la cour de France en 1690 » rédigée par Spanheim pendant son séjour à Berlin, après la rupture des relations entre Louis XIV et les princes de l'Empire. Avant de donner sur cette rela- tion quelques éclaircissements nécessaires, je ne crois point ij INTRODUCTION. inutile de faire connaître brièvement les principaux traits de la vie de Spanheim et les circonstances qui ont marqué sa carrière diplomatique. I. Ézéchiel Spanheim appartenait à une famille originaire du Palatinat*. Son grand-père, Wigand Spanheim, docteur en théologie, était fixé dans la vicomte d'Amberg et avait épousé, vers la fin du xvi^ siècle. Renée Tossan, fille d'un ministre protestant professeur de théologie à Orléans, et filleule de Renée de France, duchesse de Ferrare. Frédéric, fils de Wigand, naquitàAmberg lel^^janvierdeFannéelôOG. A l'âge de treize ans, il se rendit à l'Université de Heidelberg pour en suivre les cours ; puis il les abandonna pour aller à Genève. La modicité de ses ressources l'obligea d'accepter une place de précepteur dans la famille du baron de Vitrolles, gouverneur d'Embrun, en Dauphiné; mais il ne conserva cette situation que peu de temps, et, après avoir fait un voyage à Paris , il retourna à Genève où il épousa une Française, Catherine du Port^ Il eut de ce mariage, qui établit pour la seconde fois des liens étroits entre notre pays et les Spanheim, deux fils et une fille. L'aîné, Ezéchiel, naquit le 7 décembre 16293. Il avait treize ans lorsqu'il dut accompagner à Leyde son père, 1. Voyez les notices qui lui sont consacrées dans Bayle, Chau- fepié, Jean le Glerc, Nicéron et Moréri. 2. Catherine du Port appartenait à la noblesse et comptait Guillaume Budé parmi ses aïeux. (Isaac Terburg, Vita Spanhemii, dans les « Dissertationes deusu et prxstantia numismatum antiquo- rum, » Amsterdam, 1717, t. II, p. 10.) De là vient la parenté avec des familles françaises dont Spanheim parle dans sa Relation, p. 258. 3. Le cadet, Frédéric, a une longue notice dans le Supplément de Bayle. INTRODUCTION. llj appelé à y occuper une chaire de l'Université sur la demande de la reine de Bohême et des États généraux de Hollande. Ézêchiel fut confié aux soins de deux érudits célèbres, Heinsius et Saumaise, et il fit sous leur direction les études classiques les plus brillantes. Il apprit ensuite l'hébreu et l'arabe, et, en 1645, il soutint des thèses pour combattre les opinions de Louis Cappel sur l'ancienne écriture hébraïque. Spanheim avait été consacré ministre : lorsque la mort surprit son père au milieu d'une controverse avec Amyraut au sujet de la grâce, il crut devoir continuer la discussion dans un ouvrage auquel il donna le titre de : Appendix vindiciarum, disquisitio critica contra Amyraldum. Ce traité attira sur lui l'attention de l'église de Genève, et le Conseil lui offrit la chaire de philosophie que son père avait autrefois occupée. Spanheim l'accepta, et, quelque temps après, sur le désir exprimé par des étrangers et surtout des Allemands, qui suivaient ses cours, il sollicita et obtint du Petit Conseil l'autorisation de prendre le titre de professeur d'éloquence (1651). L'année suivante, bien qu'il exerçât le ministère évangélique, il se fit nommer membre du Grand Conseil. C'est à cette époque que l'électeur palatin Charles- Louis lui fit proposer la place de gouverneur de son fils. Le séjour de Spanheim à la cour d'Heidelberg développa en lui le goût des affaires diplomatiques ; il se livra à l'étude du droit allemand et fit paraître, pour soutenir les intérêts de son maître, un « Discours sur les affaires d'Allemagne et le vicariat de l'Empire » et un « Traité du Palatinat et de la dignité électorale contre les prétentions du duc de Bavière. » Ces mémoires valurent à Spanheim des marques de la bien- veillance de l'électeur palatin. Il abandonna alors les devoirs du ministère évangélique pour se consacrer à la politique. Il n'avait point visité l'Italie : il exprima le désir d'y être IV INTRODUCTION. envoyé, et l'Électeur lui donna la mission de se rendre à Rome pour se mettre au courant des menées des princes catholiques allemands. Il y fut présente à la reine Christine de Suède, qui l'accueillit avec une distinction particulière* , et il se fit remarquer, aux réunions de savants qui se tenaient toutes les semaines chez elle, par la variété et la profondeur de ses connaissances. Il voua à cette princesse un souvenir recon- naissant et lui dédia la première de ses dissertations latines suri' « Excellence et l'utilité des médailles anciennes^. » Il s'éloigna de Rome pendant quelque temps pour faire un voyage à Naples, en Sicile et à Malte 3, et, à son retour, il eut l'occasion de voir l'électrice Sophie de Hanovre, avec laquelle il entretenait déjà une correspondance politique et littéraire. Cette princesse, se rappelant les ser- vices que Frédéric Spanheim avait rendus à son père et à sa mère, le roi et la reine de Bohême, obtint de l'électeur palatin, son frère, la permission de le ramener en Allemagne. A peine Spanheim était-il revenu à Heidelberg, que Charles- Louis l'employa de nouveau dans plusieurs négociations. Il fut d'abord envoyé à la cour de Lorraine. En 1666, il fit 1. Spanheim avait prononcé en son honneur, à Genève, en 1652, un panégyrique qui est inséré, avec une dédicace à « très haut et très illustre prince Monseigneur Gustave-Adolphe, marquis de Baden-Dourlach, » dans les Mémoires concernant Christine, reine de Suède, pour servir d'éclaircissement à l'histoire de son règne et prin- cipalement de sa vie privée (Amsterdam et Leipzig, 1751), tome II, p. 118-144. 2. Ezech. Spanhemii dissertationes de prxstantia et usu numis- matum antiquorum. Rome, 1664, et Amsterdam, 1671. Ce livre eut un grand succès, et il en commença lui-même une troisième édition à Londres, en 1706. 3. Il visita aussi Florence; voyez la Relation, p. 261, où il parle en outre de Venise, qu'il aurait vue en revenant en Allemagne, au commencement de l'année 1665. INTRODUCTION. V un voyage à Paris pour les intérêts de son souverain*. Il fut ensuite accrédité auprès de l'archevêque-électeur de Mayence, et assista aux conférences d'Oppenheim, de Spire, d'Heilbronn, et au congrès de Bréda. Il se rendit une seconde fois à Paris, en 1668, pour soutenir les droits de l'électeur palatin lors de l'accommodement des deux couronnes de France et d'Espagne ^ Le mérite, l'activité et les vastes connaissances de Span- heim ayant été signalés à l'électeur Frédéric-Guillaume de Brandebourg, ce prince lui avait, en 1671, conféré le titre de conseiller de cour ; quand Spanheim, après une mission en Hollande, fut accrédité près du roi d'Angleterre Charles IP, Frédéric-Guillaume lui confia le soin de ses affaires à Londres, et, en 1679, après les négociations de Nimègue, où Spanheim figura comme ministre palatin et fut fort apprécié des principaux plénipotentiaires^, Croissy, Grana, l'Isola, il passa définitivement au service de cet électeur. Le traité de Saint-Germain, signé le 29 juin 1679, rétablit la paix entre la France, la Suède, le Danemark et le Bran- debourg. M. Beck, ministre résident de l'Electeur, avait jusque-là présidé à la reprise des relations avec la cour de France. L'Electeur jugea utile de le remplacer par un envoyé extraordinaire, et son choix se fixa sur Spanheim, dont le nom était connu de Louis XIV et qui avait été plusieurs fois en rapports avec M. de Croissy, secrétaire d'État aux affaires étrangères ^ Sa nomination fut signée le 3 février 1. Relation, p. 51, 161 et 201. 2. Ibidem, p. 201, 204-205, 223, 257, etc. 3. Ibidem., p. 171. 4. Ibidem, p. 217. 5. Ibidem, p. 20t et suiv. VJ INTRODUCTION. 1680, et il reçut l'ordre de se rendre directement de Londres à Paris, où il arriva vers le milieu d'avril. Il y trouva ses instructions, ses lettres de créance pour le Roi, et des lettres de l'Electeur pour MM. Colbert et de Louvois. Après avoir satisfait aux devoirs de la courtoisie, Span- heim ne devait travailler qu'à l'entier accomplissement des stipulations insérées dans le traité de Saint- Germain, maintenir l'amitié et la bonne intelligence dernièrement rétablies, prouver en toute occasion le désir sincère que son maître avait de coopérer au maintien de la bonne intelli- gence, écarter d'ailleurs ce qui pourrait être nuisible aux intérêts de l'Electeur. Celui-ci ignorait ce que l'on pourrait lui demander encore pour l'exécution entière du traité de paix; mais, si l'on s'avisait de mettre en avant quelque nouvelle prétention, l'envoyé la déclinerait complètement, ou ne l'accepterait qaad référendum. De son côté, Span- heim s'efforcerait d'obtenir : 1" les subsides stipulés dans le traité de paix, et dont deux termes étaient déjà échus; 2° l'évacuation et la restitution de la forteresse de Wesel et d'une partie du pays de Clèves, restitution tant de fois promise depuis que l'Électeur avait rendu Stettin à la Suède. Il était enfin recommandé à Spanheim d'avoir de bonnes relations avec tous les ambassadeurs et ministres accrédités près la cour de France, de rechercher de préférence ceux qui y jouissaient de la plus grande considération et ceux dont les maîtres vivaient en bonne intelligence avec l'Electeur. Enfin , il devait adresser deux fois par semaine un rapport circonstancié sur sa négociation, et sur tout ce qui se produi- rait de nouveau et d'intéressant. Spanheim raconte lui-même dans sa Relation^ que ses 1. Pages 217-218. INTRODUCTION. Vlj anciennes attaches avec la maison palatine ne laissaient pas d'inspirer quelque ombrage à Croissy, et que même ce ministre avait essayé d'éviter sa venue à la cour de France, comme personne suspecte et peu agréable ; mais il affecta de n'en rien savoir et se contenta « d'aller son droit chemin, » ce qui lui réussit parfaitement et lui valut, pendant huit ou neuf ans, la considération générale. Dès les premiers jours de son arrivée, il sollicita son audience. Elle lui fut accordée pour le 5 mai. Le lendemain de cette cérémonie, il en donna tous les détails à l'Electeur *. (c Ma dernière relation du 3 mai, écrivait-il, rendoit compte du jour appointé de mes premières audiences de Leurs Majestés, du Dauphin et de la Dauphine pour ce lundi 0 mai. M. Girault vint encore céans le même jour, pour me notifier qu'elles seroient anticipées d'un jour, à savoir pour celui de dimanche...; qu'ainsi M. [de] Bonneuil et lui viendroient me prendre ledit jour d'hier, à six heures du matin, avec les carrosses du Roi et de la Reine, pour me conduire à Saint-Germain, ensemble avec l'envoyé de Bavière qui devoit avoir son audience de congé au même jour. C'est aussi ce qu'ils firent hier matin. Ils se rendirent céans avec les carrosses et l'envoyé de Bavière, selon ce que j'avois appris de M. le résident Beck qu'il se pratiquoit sou- vent, et encore l'an passé, lorsque l'envoyé d'Angleterre, un envoyé de l'électeur palatin, comte de Wittgenstein, et un envoyé de Wurtemberg furent conduits d'ici à Saint-Germain dans un même carrosse du Roi, vu qu'il n'y a qu'un introduc- teur. A Saint-Germain, nous fûmes conduits dans la chambre de lit de S. M., qui étoit retirée en son cabinet voisin, où nous devions avoir nos audiences. A notre passage par la salle des gardes, ils prirent les armes, ce qu'ils n'ont pas autrement coutume de faire pour les audiences des envoyés. Le prince de Gondé se trouvant dans ladite chambre de lit, avec autres seigneurs et courtisans, j'eus l'honneur de lui faire la révérence 1. Originaux conservés aux Archives royales de BerUn. Toutes les dépêches sont écrites en français. Vllj INTRODUCTION. et de lui témoigner en passant que je m'en acquitterois en un autre lieu selon mon devoir et les ordres exprès de Votre Altesse Électorale : ce qu'il reçut fort obligeamment et avec des marques d'une estime et d'une considération particulière pour elle. L'envoyé de Bavière ayant été le premier à l'audience de S. M. dans le cabinet, j'y fus introduit ensuite, à sa sortie, et y tins mot pour mot à S. M. le discours couché dans le papier ci-joint. S. M. y fit la réponse qui s'y trouvera aussi marquée. Elle la fit même d'un air fort gracieux et obli- geant, après avoir eu la bonté de m'écouter avec attention. J'es- père de n'avoir rien oublié, en cette première audience, de ce qui étoit porté par mes instructions à y insinuer, et que j'ai pu croire aucunement conforme aux intentions et aux intérêts de Votre Altesse Électorale ou à la bienséance requise. J'en ai même tiré cette consolation, si j'ose le dire, que S. M. voulut bien s'expliquer en des termes fort obligeants que le choix de mon ministère ne lui étoit pas désagréable, et parler ensuite de mon audience aux ministres et seigneurs présents, et qui voulurent bien me le redire ensuite, d'une manière que je ne mérite pas. Le duc de Gréquy, que j'ai connu son ambas- sadeur à Rome, et le duc de Saint-Aignan, tous deux premiers gentilshommes de la chambre, étoient derrière la chaire du Roi. Derrière moi, il y avoit d'autres seigneurs et ministres présents, comme M. Colbert-Groissy. Au sortir de là, nous pas- sâmes à l'audience du Dauphin, où je fus aussi introduit après l'envoyé de Bavière. Il y avoit une grande foule de courtisans, qui à peine laissèrent lieu d'approcher le Dauphin.... On avoit cru que nous aurions les audiences de la Reine et de la Dau- phine après le dîner, selon la coutume ; mais, comme il y avoit une partie faite pour aller à Versailles à un régal que l'on y devoit faire à la Dauphine, nous eûmes aussi ces audiences séparées avant le dîner.... » Discours au Roi. « Sire, « Le sujet de mon envoi de la part de S. A. É. de Brande- « bourg, mon maître, ne peut qu'avoir le bonheur d'être déjà « pleinement connu de Votre Majesté. Elle sait, Sire, quelle INTRODUCTION. IX « est la grandeur des respects de S. A. É. envers Votre Majesté, « la sincérité de ses désirs à entretenir par toute sorte de « moyens l'honneur de sa bienveillance, à en rechercher les « occasions avec soin, à les embrasser avec zèle, et à s'en faire « un mérite et une application particulière. Je pourrois y « joindre. Sire, si Votre Majesté n'en étoit pas encore suffisam- « ment informée, l'attachement de S. A. É. à satisfaire, comme a elle a fait en tous ses points, au traité fait à Saint-Germain le « 29 juin de l'an dernier, l'espérance dont elle se flatte que « Votre Majesté lui rendra ce glorieux témoignage de n'avoir « rien omis jusques ici de soins et de zèle à observer rehgieuse- « ment toutes les conditions annexées audit traité, à aller « même au-devant de tout ce qu'elle a cru pouvoir aucune- « ment contribuer à la gloire et aux avantages de Votre Majesté, « à lui faire évidemment connoître que S. A. É. croira toujours « y trouver elle-même sa gloire et ses avantages. C'est là, Sire, « l'abrégé de ce que j'aurois dû représenter plus au long à « Votre Majesté, dans les termes les plus exprès et les plus « soumis, selon mes ordres, puisque c'est même l'agréable a matière de mon envoi à Votre Majesté et du séjour que j'au- « rai l'honneur de faire à sa cour. Aussi S. A. É. s'est trouvée « trop sensible à l'honneur que Votre Majesté lui a fait de l'en- « voi de M. le comte de Rebenac ^ et aux assurances qu'il lui a « portées de l'affection sincère et constante de Votre Majesté, « pour ne pas m'avoir chargé de lui en rendre ici ses actions « de grâce très humbles. Elle ne doute pas même. Sire, que « ledit envoyé extraordinaire de Votre Majesté ne lui ait rendu « un compte fidèle du véritable et sincère dévouement de S. A. É. a à être honorée de la continuation de l'amitié et môme de la 1 . Le comte de Rebenac-Feuquière, lieutenant général pour le Roi en Navarre, était accrédité auprès du duc de Zell lorsqu'il reçut l'ordre de se rendre à Berlin. Le mémoire qui devait lui servir d'instruction est daté de Saint-Germain-en-Laye, le l*' décembre 1679. Il lui était enjoint de s'entremettre pour l'ac- commodement du différend soulevé entre l'électeur de Brande- bourg et le duc de Zell sur quelques sommes que le premier pré- tendait lui être dues par la ville de Hambourg. X INTRODUCTION. « confiance d'un si grand roi, à s'intéresser et à concourir en « tout ce qui peut dépendre d'elle à ses prospérités et au bien « de son service. Heureux mon ministère s'il peut être désor- « mais un foible instrument de la fermeté et de la durée de « cette amitié et de cette confiance, s'il peut aucunement a répondre au bonheur particulier que je trouve d'avoir été a jugé digne d'y être employé, au zèle et à l'application entière « que j'y apporterai, et surtout à mériter durant le cours de « ce mien emploi, et selon les occasions qui s'en présenteront, « l'honneur des commandements, des accès et des audiences « favorables de Votre Majesté. Heureux encore, Sire, et par « où je dois finir, de pouvoir confirmer de bouche à Votre « Majesté jusqu'où S. A. É. se trouve intéressée dans la joie tt publique de la France et de ses alliés, dans le bonheur récent « d'une maison électorale d'avoir donné une fille à la France « et à Votre Majesté, une digne et auguste épouse à Monsei- « gneur le Dauphin, digne de perpétuer la postérité d'un « monarque qui, après avoir étendu la gloire et la félicité de « son règne au delà de ce que la fortune et la valeur, au delà « même de ce que les souhaits des héros et des conquérants les a plus fameux l'ont pu porter, n'avoit plus qu'à la rendre « immortelle par une longue succession de monarques qui a marchent un jour sur ses pas et qui se forment sur son « exemple. » Quelques jours plus tard, Spanheim eut l'honneur d'être reçu par Monsieur, frère du Roi, et par Madame. « Mardi -14 du courant, écrit-il à l'Électeur sous la date du -17 mai, je fus à Saint-Cloud à l'audience de Monsieur et de Madame, conduit dans un carrosse de Monsieur par l'abbé de Saint-Laurent, leur introducteur, et je m'y acquittai envers l'un et l'autre des curialia requis en telles occasions et que je pus juger conformes aux intentions de Votre Altesse Électo- rale. Monsieur y répondit en des termes très civils et très hon- nêtes, qui marquoient la haute considération qu'il faisoit de la personne de Votre Altesse Électorale et de son amitié. Madame me dit en souriant : « H y a longtemps que vous me connoissez. INTRODUCTION. xj ^-^ 0M ^-- w